Apologie du masochisme

Publié le par Moom\'

Ô lecteur qui tiques en lisant mon titre, oui toi-même qui agrèges inévitablement masochiste et taré, tu peux tout de suite interrompre ta lecture. Si mon article a la prétention d’expliquer et clarifier certains aspects du masochisme (pas justifier, comprenons-nous bien), il ne peut malheureusement rien pour tes neurones paralysés et pour ton esprit hermétiquement fermé. Merci. Au revoir.


 

 

Le masochisme est devenue une mode, que dis-je ? LA mode. Il suffit de jeter un coup d’œil au  thème en vogue dans les boutiques de luxe pour comprendre ce que je veux dire. Des étalages de vêtements et d’accessoires tellement clichés que l’adjectif « risible » devient un qualificatif euphémistique. Une vision mercantile, simpliste et idiote  qui fascine la populace et coiffe les responsables de ces vitrines du beau pompon du ridicule.

 

 Qu’est-ce que le masochisme alors ?

Selon  mon Hachette, le dictionnaire de notre temps [1991] (qui n'a plus rien de contemporain après 16 ans post-parution, je me permets de le rappeler), le masochisme est :

1. PSYCHO : Perversion sexuelle dans laquelle le sujet ne peut atteindre au plaisir qu’en subissant une humiliation ou une souffrance physique.

2. Cour. Comportement d’une personne qui semble prendre plaisir à courir au devant de situations dommageables ou humiliantes pour elles.

Ce que je pense de cette description mise au point par une élite dans le domaine littéraire et linguistique ? Que ce sont des foutaises, des excréments, de l’idiotie matérialisée, de l’ordure, de la chienlit !

Bien que je sois la dernière personne à m’offusquer de mots maladroits, je note que le choix du mot « perversion » (qui est un mot péjoratif, quoiqu'on puisse caqueter)  trahit non seulement un puritanisme certain mais également un conservatisme pour le moins perceptible.

Une définition aussi simpliste est proprement révoltante. Il est certes impossible d’expliquer une tendance en quelques mots, et ce même pour les esprits les plus érudits, mais la réduire, la rabaisser et ne même pas prendre le soin d’en expliquer le sens figuré (J’les aide : comportement d'une personne qui semble rechercher les situations qui la font souffrir) ne peut que créer un ardent sentiment d’indignation  (sans pour autant vouloir créer une manifestation hein, je dis ça au cas où mes phrases véhémentes me feraient passer pour plus engagée que ce que je suis).

 

 

Contraria contrariis curantur :

  L’absence de plaisir crée la douleur, et le plaisir est toujours bref, du moins crée toujours un manque. Autre aspect, lors d’un refus de quelque objet ou situation procurant du plaisir, la souffrance se crée, aussi infime soit-elle. Ou encore, quand tout est plaisir, la fadeur intervient, donc la lassitude puis la souffrance. Ex abstracto, je ne pense pas me tromper en affirmant concrètement que le plaisir est, au sens large, absolument inséparable de la douleur, bien que l’on recherche l’un et que l’on évite l’autre.

Une fois cette liaison entre notions assimilée, on se retrouve devant un choix spontané pour certains, cornélien pour d’autres :

>      Accepter, en connaissance de cause, cette alliance plaisir & douleur,

>      Provoquer la douleur tant crainte, et ainsi se sentir autre chose qu’un vulgaire pion sur un échiquier. (Masochisme)

>      Mettre fin au plaisir et à sa recherche au profit de la joie profonde. (Ça c’est un autre sujet, si vous voulez que je développe, signalez !)

Les propositions sont classées subjectivement, de la moins profonde à celle qui me semble être la plus spirituelle.

 


 

Le masochisme est donc le fait de choisir spontanément la douleur, et le choix allège : [! Attention, exemples terre-à-terre pour les incultes !]. Un adolescent rangera sa chambre avec plus d’entrain que si sa mère l’oblige à le faire, un suicidaire sera plus déterminé qu’un condamné à mort, un enfant préférera se casser quelque chose pour s’attirer la clémence de ses parents plutôt que d’attendre le châtiment corporel que lui infligeront ses parents (ne rigolez pas, je l’ai fait >_<). Se sentir maître de ses actes, de son destin, de son avenir est un sentiment sinon  jouissif, rassurant.

Un masochiste est donc quelqu’un qui a assimilé la liaison plaisir&douleur, puis celle douleur & contrôle de la vie (bien plus qu’un taré, notez). Décider de la date de la souffrance, du lieu, du pourquoi et de la manière c’est se sentir puissant, fort, être flatté dans cette autonomie singulière, car les autres ne vous toucheront plus, et s’ils vous touchent, ce sera une douleur moindre. Et avant qu’un amalgame ne se produise dans vos tendres cervelles juvéniles, le masochisme n’est pas lié au dolorisme et à « la douleur rédemptrice » au sens religieux du terme.

 

 

Nonobstant, le masochisme n’est qu’une étape transitive si l’esprit est en éveil. Il peut évoluer en un total abandon du plaisir éphémère (pas à la manière des moines, hein…) et en une joie profonde, ou régresser et muer en un épicurisme imbécile et incompris, en ne sachant plus chercher la satisfaction, quelle qu’elle soit.

 

 

 

 

 

 

Publié dans Notions capitales

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M
't'es qui ? :/'<br /> <br /> On ne se connait pas! <br /> J'ai découvert ton blog par l'entremise de je ne sais plus trop qui ou quoi... J'ai aimé ce que j'y ai lu et je l'ai placé dans mes signets :).
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M
Et merci. :)
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M
Mr Mystère (t'es qui ? :/) Bien ! Je me disais bien qu'il y aurait quelqu'un pour faire la remarque.Apologie a un deuxième sens, à savoir éloge tout court.Ou si tu veux des sources, mon dico Hachette : Apologie : 2.éloge que l'on fait de quelque chose ou de quelqu'un.
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M
Beau billet. Cependant, j'ai du mal à comprendre le pourquoi d'un pareil titre (à savoir «Apologie du masochisme») quand tu nous fais comprendre ensuite que tu ne cherches pas à justifier des aspects du masochisme. <br /> <br /> Voilà une définition tirée du toujours crédible dictionnaire Encarta.<br /> <br /> apologie <br /> <br /> apologie [apɔlɔʒi]<br /> apologie nom commun - féminin ( apologies ) <br /> 1. discours écrit ou oral qui vise à justifier des hommes, des faits ou des idées en faisant leur éloge <br /> faire l'apologie des artistes <br /> <br /> Collection Microsoft® Encarta® 2007. © 1993-2004 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.<br /> <br /> <br /> <br /> Alors, billet apologétique ou pas?
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