Salope ?

Publié le par Moom\'

Qui n’a jamais traité ou été traité (en l’occurrence traitée) de salope ? Qui ne se sent pas vexée quand elle est qualifiée de salope ?

Le nombre des personnes répondant « moi » à cette question est minuscule. Le nombre de personnes y répondant sincèrement « moi » est infinitésimal. L’immense majorité des adeptes plus ou moins confirmés de ce mot au lyrisme laissant à désirer est tellement imposante que le dictionnaire ne manque pas de préciser:

Remarque d'usage: emploi fréquent

Toutefois, si l’on questionne cette même majorité sur ce qu’est une salope, on n’aura aucune réponse concrète ou probante. Contradiction ?

En effet, comment peut-on désigner salope une femme en ne maîtrisant même pas cette notion ? Pire, dans l’autre sens, comment être vexée par une qualification qui n’est même pas définie ? Ce terme a certes une connotation négative indéniable, mais la péjoration n’est pas une insulte pour autant.

 

Exemple, si avec toute la hargne que peut exprimer mon corps lilliputien je vous traitais de zfjgdh2bdh, en seriez-vous vexé ? J’aurais l’air con (encore plus que d’habitude, c’est dire), je vous ferais sourire, pitié, ou si vous êtes vraiment un susceptible doublé d’un paranoïaque léger vous essayerez de comprendre ce que j’ai bien pu bafouiller. En aucun cas vous n’invoqueriez le principe du miroir en visant ma génitrice (« c’est ta mère la zfjgdh2bdh ! »). Pour savoir s’il faut se froisser d’un quelconque zfjgdh2bdh, il faut se baser sur ses emplois et utilisations. Effectivement, certains mots n’ont pas de sens, uniquement une ou des utilisations. Salope possède ainsi un sens conventionnel, relatif aux vertus dissolues. Mais là où le sens se perd et donc n’est plus, c’est dans l’impartialité inexistante qui caractérise ladite disparition des vertus. Ne serait-ce que d’un point de vue culturo-traditionnel, personne n’est d’accord sur ce qu’est la non-vertu : aux USA, dans les états pourritains, c’est la non-préservation de la virginité, ailleurs, c’est une femme qui multiplie les relations amoureuses, en Afghanistan, c’est le droit de la femme à respirer…La relativité est tellement omniprésente qu’elle annule presque le sens du mot en question qui ne dépend désormais que des utilisations.

 

Utilisations du mot :

Salope est un mot à la polysémie impressionnante. Voyez plutôt ! Il peut tour à tour désigner :

 

_ Dans des sociétés au machisme truculent, une salope est une demoiselle qui a eu le malheur d’avoir à la fois des hormones et de naître dans un pays /milieu conservateur. Le moindre assouvissement ou souhait d’assouvissement de ces pulsions naturelles (avant le sacro-saint mariage) est une excuse à la lapidation (au sens figuré comme au sens propre).

 

_ Une jeune fille sexuellement excentrique particulièrement friande des pratiques jugées anormales  telles l’échangisme, le sado-masochisme, le fétichisme etc. Malheureux de voir qu’au final l’ouverture d’esprit ne dépend pas de l’avancement temporel. En 1923, déjà, Stekel a dit : Il n'existe aucune forme normale d'activité sexuelle, mais une forme adéquate pour chaque individu. Mais près d’un siècle plus tard, l’être humain n’a toujours pas acquis le critère constituant la conditio  sine qua non à la vie harmonieuse en société : la tolérance. Lacunes en savoir-vivre qui poussent inéluctablement à remettre en question l’utilité des crânes spacieux vu la petitesse des esprits.

_ Une Jouvencelle décidément trop précoce. La précocité dépendant  bien évidemment de l’environnement. (Sacré Einstein ! Sacrée relativité !)

Pourtant, quel mal y’a-t-il à suivre les conseils des grands poètes anglophones ?

Aux Vierges pour qu’elles profitent du temps présent :

Cueillez dès maintenant les roses de la vie

Car le temps jamais ne suspend son vol

Et cette fleur qui s’épanouit aujourd’hui

Demain sera flétrie.

Carpe Diem.


_ Une aventurière qui place l’expérience sur un piédestal, attitude parfaitement légitime quand on garde à l’esprit que tous, autant que nous sommes, finirons en nourriture pour asticots.

_ Une audacieuse femme qui sépare amour et fidélité, et qui abolit le lien par défaut entre l’unicité dans le cœur et l’unicité dans le lit.

 
_ Une nymphomane. Pourtant pathologie indésirable, la nymphomanie va constamment de pair avec un procès social de la part de juges improvisés de l’ordre moral de la dernière heure.  Comportement imbécile tout à fait comparable aux moqueries que génèrent les trisomiques chez les jeunes et les moins jeunes.

_ Une prostituée. Certaines femmes ont eu le malheur de naître dans des milieux non aisés, où l’auto-vente corporelle est parfois obligatoire pour gagner le pain quotidien, nécessaire à la survie ou par extension, le sac Gucci (non moins nécessaire à la survie sociale).

 

Libre à vous de vexer de l’un de ces sens, et ainsi être sensible au mot salope. Dans ce cas il n’y a que la vérité qui blesse. Et encore, je ne vois pas de quoi vous devriez rougir, mesdemoiselles.

 


Prière de ne pas spéculer sur mes ambitions quant à mon avenir. Et merci !

 

 


 PS : Si tu as moins de vingt ans et que tu es fashi0n, merci de ne pas recopier ce texte sur ton skyblog en réponse aux « vilains c0umz de rageuX » qui te traitent de pouf.

Publié dans Notions capitales

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